Collectif 2012 : Les sociologues s’invitent dans le débat
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L’expérience de la collection savoir/agir révèle la richesse et l’originalité des analyses proposées par des intellectuels critiques. Or ceux-ci, plus familiers avec la description et l’explication du réel qu’avec l’élaboration de programmes, ne sont pas à l’aise dans une conjoncture électorale.
Mais, précisément pour cette raison, ils ne sont pas nécessairement mal placés pour faire ce qu’eux seuls sont en mesure de faire. À savoir d’une part, étblir un diagnostic synthétique de l’état des choses dans un domaine de leur compétence ; d’autre part, énumérer un certain nombre de points qui leur semblent décisifs pour ce que pourrait être une politique de gauche.
L’exercice de militantisme intellectuel proposé ici a quelque chose de paradoxal. Alors que la gauche de gauche se voit d’ordinaire associée à des idées dites maximalistes, il s’agit de favoriser, sur des points précis, la formulation de principes d’action en deçà desquels une gauche digne de ce nom ne pourrait que se déjuger : non pas placer la barre très haut, la placer plutôt au minimum, un minimum qui pourrait aussi être l’essentiel, bref ce qui ne saurait être escamoté.
L’urgence semble aujourd’hui de montrer qu’autre chose est possible, réalisable, en refusant à la fois la capitulation social-démocrate devant la loi d’airain du capitalisme financier et les incantations « anticapitalistes ».
Le « réalisme utopique » dont parlait Bourdieu ne se distingue ni par les fausses précisions du discours d’expert ni par des proclamations grandioses mais vagues : il consiste à chercher les points précis où peut se faire un basculement des rapports de force en faveur de la justice sociale, de la démocratie et de la maîtrise collective du futur.
Être « radical » consiste à être simplement conséquent : c’est, après avoir pris connaissance des questions posées, chercher des réponses qui pourraient être à la hauteur de ces questions. En matière d’environnement ou de marché financier, la réalité se charge de montrer que des idées autrefois considérées comme radicales, et donc exclues de l’horizon du pensable, ne sont pas aussi extravagantes qu’on avait bien voulu le dire.
Textes rassemblés par Louis Pinto
Sophie Béroud Emmanuel Blanchard Samuel Bouron Céline Braconnier Pierre Clément Bertrand Geay Michel Koebel Frédéric Lebaron Henri Maler Gérard Mauger Emmanuel Pierru Frédéric Pierru Louis Pinto Alexis Spire Laurent Willemez Karel Yon
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