Savoir/Agir sur le site ToutEduc
Les inégalités devant l’éducation : ne pas enterrer Bourdieu trop vite
Sous le titre "Les inégalités devant l’éducation", la revue Savoir / Agir publie un ensemble de textes qui examinent les efforts récents pour expliquer l’échec scolaire autrement que par la "reproduction" des inégalités sociales, telle qu’elle avait été décrite par Bourdieu, Passeron et le centre de sociologie européenne dans les années 1960 : "ce travail de dévoilement reste tout-à-fait d’actualité", estiment pourtant les auteurs.
Choukri Ben Ayed et Sylvain Broccolichi critiquent notamment les travaux de Raymond Boudon qui a "présenté les inégalités de cursus scolaire comme résultant du ’choix calculé" des familles tenant compte du coût des études et des inégales perspectives de rentabilisation des diplômes en fonction de leur position sociale". Pour eux, le sociologue se fonde sur des travaux de l’INED qui minorent les inégalités d’accès au savoir pour mettre en avant le rôle des choix d’orientation. Il ne suffirait donc pas de mieux informer les élèves des perspectives qui leur sont ouvertes, ni de lutter contre l’auto-censure qui empêcherait certains d’afficher leurs ambitions, pour lutter contre les inégalités. Les deux chercheurs réfutent également les explications par le contexte territorial. Ils ne leur dénient pas toute pertinence, mais ces inégalités "ne se substituent pas aux déterminants ’classiques’ des inégalités de scolarisation : elles se cumulent". C’est ainsi que la réforme de la carte scolaire et l’ "intensification des logiques de marché scolaire contribuent à rendre davantage vulnérables les populations dominées scolairement et spatialement".
Stéphane Beaud évoque aussi la coupure entre la recherche et le monde enseignant, laquelle s’est retrouvée entre la direction "d’un syndicat comme le SNES" et sa base militante, qui "freinait à mort, non sans raisons" sur la massification du système scolaire et l’objectif des "80 % au niveau bac". Pour lui, "un travail associant étroitement chercheurs et syndicalistes aurait pu permettre de faire des bilans plus réalistes de la démocratisation tout en évitant ce raidissement d’enseignants [à qui] on imposait cette démocratisation dans pouvoir réfléchir au contenu des programmes, au mode de pédagogie en lycée".
Voir : http://www.touteduc.fr/
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