La Charte de Savoir/Agir (mise à jour 2021)
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La revue Savoir/Agir créée en 2010 par le collectif « Raisons d’agir » s’inscrit dans la ligne défendue par Pierre Bourdieu. Elle se veut l’expression d’un intellectuel collectif autonome capable d’intervenir dans le champ politique en prenant appui sur les compétences spécifiques liées à l’exercice du métier de chercheur en sciences sociales.
Cette conception cherche à établir des liens solides et durables entre les sciences sociales, la critique des différentes formes de domination et les forces progressistes. Renonçant à une illusoire « neutralité axiologique », elle est explicitement « scientifico-politique », « socio-logiquement » engagée en faveur d’une « gauche de gauche » sans suivisme ni sectarisme. Elle se réclame d’un rationalisme critique, universaliste et ouvert.
La lutte contre le néolibéralisme (et le social-libéralisme pour autant qu’il s’en distingue) constitue l’axe principal de cette conception de l’engagement intellectuel. Loin d’être une feuille de route définie une fois pour toutes, elle s’enrichit des progrès et des remises en cause de la connaissance, mais elle doit aussi compter avec des clivages, des mots d’ordre ou des slogans liés à l’air du temps. L’une des raisons d’être de cet intellectuel collectif est de refuser les débats artificiels et les jeux verbaux aux airs de radicalité politique, tout en essayant d’apporter un peu de clarté sur des questions embrouillées, trop souvent propices à des prises de position passionnées et passionnelles. Dans une époque guettée par l’obscurantisme et la démagogie, il n’y a pas d’autre voie que le débat argumenté, rigoureux, sobre et loyal.
La Charte initiale de Savoir/Agir est toujours d’actualité. Simplement, elle a été conçue dans une période dont l’ordre du jour était dominé par les réformes des retraites et du droit du travail, les politiques d’austérité budgétaire, les attaques contre les services publics, etc. Ces orientations régressives se sont accentuées depuis et la « social-démocratie » de gouvernement y a perdu une grande part de sa crédibilité. Par ailleurs, d’autres questions sont apparues dont certaines sont amplifiées et/ou manipulées par une extrême-droite « établie » : immigration, identité, race, laïcité... Par ailleurs, l’appartenance à l’Union européenne ou le dérèglement climatique imposent de nouvelles grilles d’analyse. Répondre à ces enjeux suppose, outre des enquêtes informées, une posture intellectuelle aussi disponible pour l’exploration de voies inédites que réticente envers les pseudo-ruptures du prophétisme politico-médiatique et les fausses alternatives conceptuelles ou politiques.