Parution du numéro 51 de Savoir/Agir
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Start-up : avènement d’un mot d’ordre
La start-up n’a rien de neuf. Pourtant, en France comme dans tous les pays où les pouvoirs publics espèrent stimuler la croissance par l’innovation technologique et « l’économie de la connaissance », elle est érigée en modèle d’organisation désirable – et pas seulement pour les entreprises. Les rhétoriques de la « disruption » et de l’innovation « de rupture » justifient ainsi les dépenses injectées dans ces jeunes entreprises promises à un bel avenir. Les idéologues, « évangélistes » de la high-tech, et les responsables politiques y voient à l’unisson un horizon vertueux, sinon indépassable. Au même moment, les start-up nations apparaissent dans le monde, expression de la volonté d’inoculer dans les consciences une certaine vision néolibérale du travail, de l’économie et de l’action publique (-privée). Si dans certains espaces économiques ce mythème circule sur le ton de l’évidence, dans l’indifférence des précédents historiques les plus confondants (l’explosion de la bulle Internet à l’orée du 21e siècle), l’intensification du « mode start-up » suscite aussi des résistances. De nombreux récits d’anciens employés dévoilent de l’intérieur les coulisses d’une activité dévorante, exposant au burn-out ou à l’insignifiance, caractéristique des bullshit jobs. Le propos de ce dossier est de contribuer à la connaissance de cette réalité, sur la base d’enquêtes de terrain faites ou en cours, et de retours d’expérience d’acteurs non dupes. Les terrains d’étude varient entre les « incubateurs », les grandes entreprises privées et publiques, les universités, les « écosystèmes innovants » de la Silicon Valley, les cabinets de conseil, les think-tanks et les entreprises de l’événementiel « startupiste ». Le tableau n’est pas complet mais, par recoupement, il permet de reconstituer le processus par lequel s’est imposé ce mot d’ordre, et ce faisant donne les moyens d’outiller une critique sociale de ces réalités.
La « startup » n’a rien de neuf. Pourtant, en France comme dans tous les pays où les pouvoirs publics espèrent stimuler la croissance par l’innovation technologique et « l’économie de la connaissance », elle est érigée en modèle d’organisation désirable – et pas seulement pour les entreprises. Les rhétoriques de la « disruption » et de l’innovation « de rupture » justifient ainsi les dépenses injectées dans ces jeunes entreprises promises à un bel avenir. Les idéologues, « évangélistes » de la high-tech et les responsables politiques y voient à l’unisson un horizon vertueux, sinon indépassable. Au même moment, les « startup nations » apparaissent dans le monde, et l’expression d’inoculer dans les consciences une certaine vision néolibérale du travail, de l’économie et de l’action publique (-privée). Si dans certains espaces économiques ce mythème circule sur le ton de l’évidence, dans l’indifférence des précédents historiques les plus confondants (l’explosion de la bulle Internet à l’orée du 21e siècle), l’intensification du « mode startup » suscite aussi des résistances. De nombreux récits d’anciens employés dévoilent de l’intérieur les coulisses d’une activité dévorante, exposant au burn-out ou à l’insignifiance, caractéristique des « bullshit jobs ». Le propos de ce dossier est de contribuer à la connaissance de cette réalité, sur la base d’enquêtes de terrain faites ou en cours, et de retours d’expérience d’acteurs non dupes. Les terrains d’étude varient entre les « incubateurs », les grandes entreprises privées et publiques, les universités, les « écosystèmes innovants » de la Silicon Valley, les cabinets de conseil, les think-tanks et les entreprises de l’événementiel « startupiste ». Le tableau n’est pas complet mais, par recoupement, il permet de reconstituer le processus par lequel s’est imposé ce mot d’ordre, et ce faisant donne les moyens d’outiller une critique sociale de ces réalités.
Table des matières
Éditorial
Sciences en danger, revues en lutte, Collectif des revues en lutte
Dossier Start-up : avènement d’un mot d’ordre
Maxime Quijoux et Arnaud Saint-Martin
Les politiques françaises de « startupisation » de la science, Erwan Lamy
Légitimité de la critique et critique de la légitimité entrepreneuriale, Antoine Gouritin
Tous « startupeurs » ?, Olivia Chambard
Docteurs, Pitches et ascenseurs, Jean Frances et Stéphane Le Lay
Modifier le vivant pour sauver la planète ?, Gaëtan Flocco et Mélanie Guyonvarch
Des grandes entreprises et des start-up, Samir Bedreddine
Idées
Note sur les « penseurs » de la Silicon Valley, Arnaud Saint-Martin
Paroles
Marche ou crève, Anonyme
Chronique internationale
Un licenciement collectif dans une université finlandaise, Gaela Keryell
Actualités
Chirac après Chirac ?, Annie Collovald
Recension
En quête de « respectabilité », Gérard Mauger
Rhétorique réactionnaire
Des Gilets jaunes aux syndicalistes en grève, Gérard Mauger